HISTORIQUE

Objectifs de l'association :

Alethe a été fondée pour ouvrir un libre espace de recherche et de parole à une réflexion chrétienne, pour créer la possibilité de nouveauté en théologie. D’où son nom : Association libre d’études théologiques. La théologie est la réflexion rationnelle, pratiquée en discussion avec les autres, sur les choses de Dieu et de la religion. Elle n’est pas réservée à des experts et à des savants. L’association a pour but de pratiquer cette réflexion avec tous ceux qui le souhaitent. Elle mène une action pour que les chrétiens, clercs et laïcs puissent développer un discours libre et responsable.
Elle ne se rattache à aucune autorité instituée. Elle organise des conférences, sessions, colloques, groupe de travail, qui permettent d’aborder des sujets d’actualité dans leur rapport au christianisme. Elle cherche à entretenir un dialogue exigeant avec tous les courants de pensée – ceux de la philosophie et ceux des sciences humaines. Elle publie régulièrement des cahiers qui rassemblent les recherches effectuées.


Ces objectifs, formulés il y a une trentaine d’années sont toujours les nôtres. Nous les reformulons en tenant compte des réalités du monde actuel.

ALETHE est une association qui se consacre à la réflexion, à l’échange et à la communication. La réflexion porte à la fois sur le contenu du message chrétien et sur les pratiques chrétiennes. Sur ce qu’ils peuvent être et sur le sens qu’ils peuvent avoir dans le monde actuel. Elle cherche les possibilités nouvelles qui s’ouvrent à partir d’eux dans le monde que nous avons à vivre aujourd’hui.
ALETHE ne développe pas cette activité de pensée pour et avec les seuls chrétiens convaincus et les théoriciens professionnels. Le christianisme n’est pas dévolu en héritage aux seuls chrétiens. Elle s’adresse donc aussi à ceux qui n’adhèrent à aucune Église ou qui s’en sont éloigné, à ceux qui n’ont pas de pratique religieuse, à ceux qui souhaitent découvrir ou redécouvrir le christianisme, à ceux qui se demandent ce qu’il peut bien vouloir dire aujourd’hui, tout en n’étant spécialistes de rien.
ALETHE s’adresse à vous, vous invite à entrer dans sa recherche, aimerait connaître et comprendre vos expériences et vos questions en la matière.

Et pourquoi ne pas écrire : ALLAITER ? Le Trésor Informatisé de la Langue Française nous apprend que ce mot signifie au sens figuré : Fournir à l’âme ou à l’esprit de quoi se développer. 
 
Il n’y a pas d’erreur, c’est bien cela ALETHE.



Historique (1980-2010):

L’Association a été fondée en 1980. Ses premières assises se sont tenues le 22 Novembre 1981. Ses fondateurs sont Antoine DELZANT, Guy LAFON et Jean LAVERGNAT, prêtres du diocèse de Paris, les deux premiers étant également professeurs à la Faculté de Théologie de l’Institut Catholique de Paris.
ALETHE se réunit régulièrement en Assises durant lesquelles elle débat à chaque fois d’une question majeure. Des cahiers se font régulièrement l’écho de ces rencontres. Une première série de 7 cahiers est publiée entre 1981 et 1988.

Le groupe Économie et Théologie a organisé en partenariat avec le Centre Rachi, la Faculté protestante de Théologie et l’EHESS un grand colloque intitulé : Argent, Sens ou non Sens, en Avril 1990.
En Décembre 1991, Antoine DELZANT quitte la Présidence. Hubert FAES lui succède. Durant les années 1990, l’Association organise chaque année des colloques ou des rencontres-débats dont les conférences sont publiées dans une nouvelle série de cahiers au format renouvelé. Huit cahiers sont publiés de 1991 à 1999. Le premier de cette série sera particulièrement remarqué : Quoi de neuf en théologie ?

A partir de 1998, une nouvelle formule est mise en œuvre : Les mardis d’ALETHE. Elle propose chaque année une série de conférences en soirée. La formule sera abandonnée assez rapidement.

Durant les années 2000, des groupes de travail se réunissent régulièrement et sont à l’origine de colloques et de rencontres : un groupe sur l’éthique dans la société actuelle, un groupe sur le sens de Dieu aujourd’hui, un autre qui lui a succédé sur les relations interreligieuses.  Plusieurs nouveaux cahiers ont paru durant cette période quoique moins régulièrement. Tout au long de son existence ALETHE a également publié à destination de ses membres Les nouvelles d’ALETHE, une feuille d’information interne. Il en existe plus de 40 numéros.

Évènements récents:


La rencontre Les religions dans la ville.

Le Groupe Alethe de réflexion sur les relations interreligieuses a organisé le 10 Avril 2010 avec La Maison islamo-chrétienne et l’Association Ennour responsable de la Mosquée de Gennevilliers une rencontre intitulée : Les religions dans la ville, à la Mosquée, récemment inaugurée, de Gennevilliers. Sont intervenus au cours de cette rencontre: Christian Delorme et Tareq Oubrou comme invités extérieurs, Mohammed Benali responsable de l'Association Ennour, Patrice Leclerc, élu de Gennevilliers et Joël Cherief, curé de Gennevilliers. 


La nouvelle mosquée de Gennevilliers

L'Esprit de Vatican II. Hommage au Cardinal Martini (Mercredi 12 Décembre 2012)

Une soirée-débat était organisée sous ce titre par deux Associations: Confrontations, Association d'intellectuels chrétiens et Alethe, Association Libre d'études théologiques. Elle a réuni plus de 80 personnes et permis de faire mémoire de l'œuvre du Cardinal Martini, Ancien Archevêque de Milan récemment décédé, ainsi que de commenter ses analyses et ses recommandations pour l'avenir de l'Église Catholique. 
Au cours de cette soirée, Jean-Luc Pouthier, historien et journaliste, a présenté brièvement le Cardinal et son action au sein de l'Église. Marc Sevin qui, en tant que bibliste, a connu le Cardinal et a travaillé avec lui, a rappelé le spécialiste de l'Écriture Sainte qu'il était. Il a exposé ses grands principes de lecture de l'Écriture et montré comment il réalisait ce que recommandait le Concile Vatican II, à savoir rendre la Bible à tous les catholiques, mettre la Bible au cœur de la vie chrétienne. Avec un charisme extraordinaire, le Cardinal organisait dans son diocèse des rencontres très suivies où l'on lisait et commentait la Bible. Il a également lancé et animé cette pratique dans de nombreux pays du monde. Marc Sevin soulignait enfin que si le Cardinal était novateur en développant ces pratiques, il n'en restait pas moins très classique dans sa manière de lire la Bible et de la rapporter à la vie. 
Jean-Louis Schlegel a cherché tout particulièrement à éclairer et mettre en perspective le texte d'une interview que Mgr Martini a donné peu avant sa mort et qui a été publié juste après dans El Corriere della Sera du 1er septembre 2012. Beaucoup voient dans ce texte son "Testament". Selon J.L. Schlegel, le Cardinal invite au fond, comme le font aujourd'hui divers auteurs qui reviennent sur le Concile Vatican II qui a eu lieu il y a 50 ans, sur ce qu'était l'esprit de ce Concile. Celui-ci a signifié d'abord une nouvelle façon pour l'Église de se rapporter au monde, un nouveau langage. Il abandonnait le discours sacrificiel et doloriste qui exaltait la souffrance nécessairement vécue par les hommes dans le monde comme moyen du salut. Il encourageait au contraire la participation positive des chrétiens à la vie du monde. Ce Concile a rendu la Bible aux catholiques alors que jusque là l'Église considérait que la Bible n'était pas à mettre entre toutes les mains. Depuis très longtemps, les conciles précédents avaient pour principal souci de dicter des règles et des canons. Vatican II s'est adressé aux chrétiens et au monde d'une tout autre manière. Sur ces trois points, il opérait une rupture, était un soulèvement contre ce qu'il y avait avant. 
50 ans après le Concile, le Cardinal Martini souligne que l'Église est fatiguée, quelle est en retard de 200 ans. 1800 est la date qui marque le début de la modernité. L'Église catholique n'est donc pas entrée dans la modernité. Le dernier concile lui-même n'a pas permis de combler ce retard. Il a sans doute marqué la fin de cette période où l'Église a manqué à la modernité, mais il n'a pas pour autant marqué le début d'autre chose. Et avec un très grand réalisme, le Cardinal souligne les points les plus significatifs d'un écart persistant et non surmonté: les avis de l'Église sur les questions de sexualité, une position sur le mariage qui rejette hors d'elle les familles recomposées. 
Ce qui frappe donc avant tout dans la position du Cardinal c'est sa grande lucidité, le courage d'exprimer nettement ce qu'il voit en même temps que son action inlassable. 

Pendant 3/4 d'heure, le public a débattu avec les intervenants. Les questions discutées ont porté notamment sur les points suivants:
- Un concile Vatican III est-t-il nécessaire?
- Les synodes tels qu'ils fonctionnent peuvent-ils aboutir à des décisions de réformes pertinentes? 
- Que signifie le fait que de plus en plus souvent, des catholiques éprouvent le besoin de présenter leurs demandes de réformes sur le mode du rêve? 
Ce débat a aussi permis à tel ou tel de faire remarquer
- que dans l'euphorie du concile, personne n'a vu venir une phase nouvelle de sécularisation de la société qui, à partir de mai 68, a concerné non seulement la société et la politique mais l'individu et le corps. 
- que l'Église n'a pas cessé de méconnaître le rôle des laïcs et ignoré le renouveau qui partait des communautés de bases en différentes régions du monde.
- qu'il fallait reconnaître que, même quand on pense que bien des choses devraient changer, on ne sait pas vraiment ce qui devrait changer. 

Ci-après  les textes de deux interventions et quelques photos 

Intervention de Marc Sevin                              Intervention de Jean-Louis Schlegel

M. Sevin J.-L. Pouthier J.-L. Schlegel
              
                      Une partie de l'auditoire


Le débat


Décès d'Antoine Delzant le 13 Mars 2013.

          Notre Ami Antoine est décédé le 13 mars, des suites d'une sérieuse affection pulmonaire. Il avait du être hospitalisé il y a près de trois semaines et placé en coma artificiel. De ce fait, il est mort très paisiblement, entouré de membres de sa famille et d'amis.
          Il était l'un des fondateurs d'ALETHE; il l'a constamment animée. 
         Ses obsèques ont eu lieu à l'Église Saint Hyppolite, le mardi 19 mars à 14h30. Un grand nombre de proches et d'amis l'ont entouré, venant des quatre coins de Paris où il avait œuvré comme prêtre, comme curé, comme enseignant. Beaucoup d'autres auraient voulu être là. Les textes de l'Homélie de Jean Lavergnat et d'une Méditation de Guy Lafon sont ici disponibles.          

Homélie de Jean Lavergnat                                              Méditation de Guy Lafon


Jean Lavergnat nous a quittés

Le mercredi 11 Janvier ont été célébrées en l’église Saint Jean de Montmartre à Paris, les obsèques de Jean Lavergnat. Ses amis sont venus nombreux. La mission du prêtre est de rassembler le peuple de Dieu. Une dernière fois, Jean a rassemblé le peuple, pas seulement celui d’une paroisse, d’un mouvement ou d’une association quelconque, pas davantage celui d’une région ou d’un pays, mais un peuple d’êtres humains venus de tous les coins du monde et faisant peuple parce qu’ils l’avaient rencontré, et reconnu en et par lui le Christ.
Jean Lavergnat était prêtre à Paris, mais il était né à Bossey en Haute Savoie en 1942. Ordonné en 1967, il a été vicaire ou curé dans 6 ou 7 paroisses de Paris, aumônier d’étudiants, membre actif d’associations diverses. Il a notamment toujours œuvré en faveur des migrants, des sans-papiers et des plus démunis. Il s’est beaucoup impliqué dans les relations interreligieuses. Il suscitait autant qu’il le pouvait la participation active et la réflexion des chrétiens dans la vie de l’Église. Il avait des idées précises sur ce qu’il devait faire en tant que prêtre et ses rapports avec les autorités du diocèse n’ont pas toujours été simples. Mais il était toujours écoutant et cordial, direct et sincère. Ce prêtre sportif, communiquant, infatigable aura marqué des générations de chrétiens mais pas seulement. Il laisse une empreinte considérable, notamment à Alethe dont il est l’un des fondateurs. 
ALETHE a été fondée rappelons-le au début des années 1980 par Antoine DELZANT, Guy LAFON et Jean LAVERGNAT. Le but immédiat était de faire un geste de solidarité à l'égard d'Antoine Delzant récemment inquiété à Rome pour ses écrits et le but à plus long terme était de créer un lieu de libre réflexion théologique. 
Ci-après nous donnons la référence de quelques textes de Jean Lavergnat que l’on peut lire ou relire. Nous publions également deux témoignages parmi les nombreux messages que nous avons reçus à l’occasion de son décès. 

Hubert FAES          

Témoignage d’Alexandre Vigne, Directeur de Cieux. 

En 2007, en tant qu'ancien curé de la reconstruction de Notre-Dame d'Espérance, le Père Jean Lavergnat m'avait fait part, de son regret de n'avoir jamais pu organiser de rencontre à la synagogue située sur le trottoir d'en face, de l'autre côté de la rue de la Roquette. Un dimanche à 9h du matin, je suis allé frappé à la porte de la synagogue. Son Président fraîchement élu, Serge Benhaïm, m'avait écouté avec beaucoup de bienveillance et accepté très naturellement d'accueillir un dialogue interreligieux. 

C'est ainsi que le dimanche 18 mai 2008, les paroissiens de Notre-Dame d'Espérance furent officiellement invités à participer à la première rencontre interreligieuse à la synagogue Abravanel, sur le thème du devoir. La feuille de messe de l'époque, témoigne de l'immense joie que procura la tenue de cet événement ! Je me souviens avec émotion du sourire à la fois radieux et stupéfait du Père Jean... Il avait prononcé ces paroles qui figurent en toute lettre dans le compte-rendu de la rencontre :

"J'ai voulu donner un exemple de devoir et de vérité, lors de la reconstruction de l'église dont j'étais le curé. J'ai eu le souci de faire apparaître un témoignage de foi et de vie. Sur les vitraux en façade de l'église, j'ai fait porter les textes de la Loi (Ancien Testament), alternant avec des textes de l’Évangile (Nouveau Testament) repérables de l'intérieur, en faisant figurer également une calligraphie arabe. J'ajouterai qu'une religion n'est pas propriétaire de la Vérité à elle-seule". 

Témoignage de Patrice Obert, Président de l’Association « Fontaine aux religions »

C'est avec une infinie tristesse que nous avons appris le décès de notre ami Jean. Nous le savions malade depuis quelques années et sa maladie expliquait son absence à nos réunions et événements mais il se tenait toujours au courant de nos activités.
Avec Jean, c'est un homme de dialogue, d'ouverture, de paix qui disparait, mais aussi un homme intelligent, instruit, cultivé, curieux.
Je l'avais rencontré quand il était curé de Saint Joseph des Nations. Il avait joué un rôle essentiel dans notre rencontre avec Cheikh Ahmed, de la mosquée Omar. Avec le Pasteur Pierre-Olivier Dolino, du Picoulet, il a joué un rôle essentiel dans la création puis la montée en puissance de l'association La Fontaine aux religions.
Après son départ de Saint Joseph, il a continué à être très actif au sein de La Fontaine, donnant toujours des conseils très avisés, avec beaucoup de sagesse.
Il s'était montré partisan d'un enracinement de notre action dans le 11ème, comme Pierre-Olivier, et nous avions suivi son avis. Et nous avons eu raison.

De haute taille, sportif, doté d'une magnifique chevelure blanche, Jean avait fière allure. Il avait mené une vie de prêtre originale puisqu'il avait été, une partie de sa vie, un des directeurs à la Cité des Sciences de La Villette à mi-temps, et prêtre. Sans doute en raison de son ouverture d'esprit. Cette ouverture, il la pratiquait à Saint Joseph, ayant vite montré que, entre le parti de ceux qui voulaient se refermer sur leur identité chrétienne, et ceux qui étaient partisans de la rencontre avec la diversité du quartier, il avait vite choisi son camp, honorant d'ailleurs le nom même de la paroisse Saint Joseph des NATIONS.

Il nous avait mis en contact avec ses amis de l'association Métissages près de Gennevilliers et nous avions ainsi participé à l'inauguration de la belle mosquée construite là-bas, lors d'une manifestation remarquable. Il nous avait aussi entraînés dans les débats organisés par l'association ALETHE. Partout où il y avait débat, intelligence à comprendre, expliquer, traduire, aller de l'avant, Jean était là, impérial, souriant , d'une grande gentillesse et d'un grand calme. Sans doute un peu rebelle à l'institution, il avait décidé de partir à la retraite à 65 ans, mais continuait d'être actif dans nombre d'associations, notamment vis à vis des migrants.

Je le revois, nous accueillant chez lui, dans son petit appartement rue de Nantes, dans le 20ème, ayant préparé à dîner, avec des livres et des journaux un peu partout, et notamment sur ce petit bureau qu'il rejoignait très tôt le matin, ne dormant que quelques heures par nuit, toujours à l'affût d'une idée.


 Avec Jean, c'est un serviteur de Dieu qui s'en va, mais aussi un grand serviteur des hommes et des femmes de notre temps. Nous lui souhaitons d'être rassasié par la présence et le regard de Dieu et que son souvenir vivant sache nous garder attentifs à autrui, intelligents et curieux dans notre rencontre avec les autres et  témoins heureux de la joie de vivre.